La broderie fassie : un art en voie de disparition ?
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La broderie fassie : un art en voie de disparition ?
À Fès, dans les vieux ateliers de la médina, on entendait autrefois le frottement rythmique des aiguilles contre le lin, les murmures des apprenties et le chant discret des maâlemates. La broderie fassie, fine, géométrique et élégante, est l’un des trésors discrets de l’art textile marocain.
Un héritage féminin
Cette broderie se transmettait de mère en fille. Elle était enseignée dès le jeune âge, sur du linge de maison, des djellabas, des nappes ou des mouchoirs. Chaque motif avait une signification : la clé (la prospérité), la spirale (le mouvement), le palmier (la vie).
Techniques et raffinement
La broderie fassie se fait à la main, avec du fil de soie ou de coton, souvent blanc ou doré. Elle repose sur la symétrie, la précision, et l’économie du geste. Elle se distingue des autres broderies marocaines (rabat, tétouanaise…) par sa rigueur et sa retenue.
Déclin et oubli
Aujourd’hui, peu de jeunes filles apprennent encore cet art. Les tissus industriels, les habits prêts-à-porter, et la mondialisation textile ont relégué la broderie artisanale au fond des tiroirs. Les maâlemates vieillissent, sans relève.
Espoirs de renaissance
Des associations locales, des écoles de design, et des projets de valorisation du patrimoine essaient de relancer cet artisanat. Certaines marques marocaines de luxe remettent la broderie fassie à l’honneur dans des collections contemporaines.
La broderie fassie est un art fragile, mais profond. Elle parle de lenteur, de beauté cachée, de respect du détail. La sauver, c’est non seulement préserver un savoir-faire, mais aussi réhabiliter un regard féminin sur le travail, la patience et l’art de vivre.